La grotte de On à Jemelle, disparue à jamais…

C’est une page de l’histoire des grottes de Wallonie à peu près unique – fort heureusement! – par l’ampleur du désastre qui a été écrite par des exploitants de carrière entre 1960 et 1971 dans la vallée de la Wamme à Jemelle…

La légende fait remonter la découverte de la grotte de On au milieu du XVIIIe siècle par un berger…

Cependant, les premiers écrits la situe en 1853 ou 1854 lors de travaux d’excavation.

Des découvertes archéologiques intéressantes y sont réalisées et rapidement, elle est aménagée pour le tourisme. En 1860, un album intitulé « description de la grotte de la Wamme » est édité. A en croire cette publication, la grotte « passe aux yeux des touristes pour l’une des plus remarquables ».

Au début du XXe siècle, la grotte n’est plus visitée. En 1934, on peut lire dans un article que « il y a quelques années, on a vu l’ancien propriétaire des carrières profiter des crevasses communiquant avec les excavations souterraines des grottes, pour y déverser ses déblais. Il est probable par conséquent que les belles salles explorées en 1854 sont actuellement comblées et qu’il ne serait plus possible de les retrouver ».

Lisant cela au début des années ’50, quelques spéléos obstinés de la SSN qui viennent de participer à l’exploration du Puits aux Lampes, décident de s’intéresser de près au cours souterrain de la Wamme. Des travaux de désob sont entrepris, mais sans résultats significatifs.

Cependant, en 1955, un petit puits est recoupé par les travaux de la carrière et donne accès à une partie de la grotte de On. Il s’agit de l’amont de l’ancienne partie touristique.

La comparaison des différentes topographies trouvées dans les archives permet de remettre l’exploration des différents réseaux en ordre chronologique.

1955 : début du réseau amont, salle de l’Ange, puits Sinistre et salle des Chiroptères.

Fin 1957 : salle des Chandelles et réseau des Bougeois.

1958 : redécouverte de l’ancienne partie.

1959 : réseau Bertels (206 mètres).

Seront encore découvertes : la galerie SSN, la salle de la Jonction et la galerie des Portemanteaux.

D’après une synthèse de 1961, cela fait en tout plus d’un kilomètre de galeries…

Dans un rapport qui doit dater de 1960 ou 1961, André Tillieux écrit que « depuis sa redécouverte en fin 1955, la grotte de On a livré des centaines de mètres de réseaux vierges : galeries fossiles riches en concrétions tantôt imposantes et colorées, tantôt grêles ou excentriques, vastes salles rappelant souvent par leur ampleur certaines grottes touristiques, puits multiples menant aux parties basses de la caverne où suivant l’époque, nous rencontrons l’eau stagnante ou un dédale de couloirs, de chicanes, de puits voire de petits lacs où la boue liquide règne en maîtresse absolue ».

Des découvertes d’ordre archéologique y avaient déjà été réalisées au XIXe siècle. Parallèlement aux découvertes spéléologiques de nouvelles fouilles y ont été menées en collaboration avec la SSN entre 1964 et 1969.

A ce moment, entre 1960 et 1964, le réseau amont (plus de 500 mètres de développement topographié en 1957) a déjà disparu.

Le report complet de la topo réalisé en 1971 l’est déjà à « titre posthume » pour d’importantes parties du réseau.

La mention « entrée de 1960 » est le signe discret de l’avancement du front de taille.

« De profundis… »!

Aujourd’hui, il n’existe plus rien de tout cela!

Comme le souvenir de ces explorations s’estompe peu à peu avec la disparition des derniers acteurs, il nous a semblé primordial d’en perpétuer la mémoire dans cette topothèque même si personne ne visitera plus jamais la grotte de On.

On1971z

Bulletin 2003 (On)