Comme tous les plongeurs-spéléos des années ’60, ceux de la S.S.N. s’intéressent à la formidable perte de la Lesse au gouffre de Belvaux et au parcours souterrain de la rivière jusqu’à sa résurgence au trou de Han.
A plusieurs reprises, ils avaient projeté d’y plonger, mais à chaque fois, « le niveau de l’eau et la force du courant rendait la chose excessivement dangereuse »…
En 1964, une arrière saison exceptionnellement sèche et un niveau très bas des eaux a permis d’envisager raisonnablement « une atttaque par le gouffre ».
Le dimanche 6 septembre, Bob Destreilles plonge assuré par une corde et en contact avec la surface par une liaison téléphonique (écouteurs et laryngophone).
Poussé par le courant, il longe la paroi de droite du gouffre et descend en suivant le prolongement des strates très inclinées bien visibles en surface. Dès – 3 mètres, il règne un calme absolu.
Veillant à ne pas perdre le contact avec la roche, il descend lentement en évitant d’énormes masses de bois enchevêtrés. Vers -35 mètres, il atteint le fond du gouffre et s’engage dans une galerie horizontale. Le courant y est très faible. Après une trentaine de mètres dans cette galerie, il décide de faire demi-tour à la limite d’autonomie de sa première bouteille et rejoint la surface à travers « l’inextricable fouillis de ces maudits branchages ».
A la fin du mois d’août 1966, Bob Destreilles et Jean-Marie Lefèvre décident d’une plongée dans le gouffre.
Entre 1964 et 1966, les plongeurs ont mis au point la technique du dérouleur. Ils se sont aussi équipés de bouteilles à grande capacité et à double détendeur.
Bob plonge d’abord, descend jusqu’au fond de la partie verticale (le profondimètre indique – 37 mètres), fixe là l’extrémité d’une corde de 6 millimètres et remonte.
Il effectue ensuite une deuxième plongée, suivi alors directement par Jean-Marie, afin d’explorer la galerie horizontale en progressant avec le dévidoir du fil d’Ariane.
Après 75 mètres de progression horizontale, « un lent relèvement de la voûte s’amorce puis s’accentue brutalement ».
Tout à la joie de vaincre peut-être ce siphon, ils entament la remontée jusqu’à -27 mètres. Il n’y a plus de courant. Ils se rendent compte alors qu’ils se sont fourvoyés.
Cependant le retour s’impose. Bob émerge à la limite de sa réserve d’air!