La vie de l’association

C’est à l’époque où la spéléologie belge commençait à s’organiser et que naissaient les premiers clubs que fut créé formellement, en octobre 1950, le Spéléo-Club de Namur. C’était avant cela un groupe de copains ; ça resta une association de fait.
Avant cette vague de jeunes clubs, seuls préexistaient les Chercheurs de Wallonie qui s’intéressaient au monde souterrain mais ne formaient pas vraiment un club de spéléo.
Les
spéléos namurois ont été confrontés au premier incident de l’histoire de la spéléologie belge… Quatre d’entre eux se retrouvèrent coincés par l’eau au bas du puits Franz, dans le trou Bernard. Après cela, quelques petits ennuis les ont convaincu qu’il fallait créer un « vrai » club…

 Ainsi le 13 octobre 1951, à l’instigation de F. Anciaux (R.P.Dom.), se créa la Société Spéléologique de Belgique, première ASBL ayant nommément la spéléologie comme objet social. Le Spéléo-Club de Namur en devint la section namuroise.
On y retrouvait déjà M. Collignon, J. Leffleur, M. Delvaux, T. Picard, L. Egon et quelques autres. Cette société était plus qu’un club. Tout comme le Spéléo-Club de Belgique de l’époque, auquel elle fut un temps liée, elle avait des sections à Bruxelles, Charleroi, Nivelles et Namur.
Dès 1952, M. Collignon accéda à la présidence.
Dans l’année, un nouvel incident survint, toujours au trou Bernard, à L. Egon cette fois. Il se retrouva coincé par une dalle instable à proximité de l’entrée. Il se dégagea seul à l’aide d’un cric, mais après cela tous les spéléos belges prirent conscience de la nécessité d’organiser le Spéléo-Secours!

 A la suite d’un congrès réunissant dans notre cité mosane tous les spéléos du pays, la création de la Fédération Spéléologique de Belgique est décidée et chaque section de l’ancienne société devint un club fédéré. Le 19 octobre 1952, l’appellation S.S.B. disparait mais pas l’association… Les fondateurs namurois décident en assemblée générale de garder les statuts et de modifier seulement le nom en Société Spéléologique de Namur.

 Les années ’50 furent des années fastes sur le plan des découvertes en Wallonie. Tout était à explorer et les namurois particulièrement fureteurs se taillèrent la part du lion. La liste des découvertes en témoigne aisément.

 En 1961, le bilan de la vie fédérale amena quelques clubs parmi ceux qui avaient acquis la plus grande expérience de l’exploration souterraine à se réunir et à œuvrer au sein d’une nouvelle fédération, le Comité National Belge de Spéléologie, qui devint plus tard pour cause de régionalisation, le Comité Belge de Spéléologie. La S.S.N. fut de ceux-là.
Les spéléos namurois d’alors, arrêtés par des siphons, n’avaient pas d’autres choix que de se mettre à l’eau… Ils furent une fois de plus parmi les pionniers de la plongée souterraine en Belgique et même à l’étranger.
On créa une Section Plongée qui fut présidée par M. Delvaux. Les plongées et les découvertes post-siphons suivirent… ainsi que les records.
En 1969, on assista à la création de l’Ecole de Plongée de Namur par des plongeurs issus de la S.S.N. J. Leffleur la présida tout en restant vice-président du club de spéléo.
 Entretemps, en 1965, la S.S.N. organisa à Namur un Colloque International de Spéléologie.

En 1972, l’Opération Lucienne est organisée en interclub. Elle consiste à pomper le S1 d’entrée et le S4 – terminal à l’époque – de la Résurgence Lucienne. Les avatars de ce pompage donneront quelques découvertes et l’ouverture d’un accès un peu plus aisé, au-dessus du siphon, mais pas le franchissement du S4 !
Et puis… les équipes du début, les pionniers, ont commencé à vieillir tandis que les mentalités et les techniques évoluaient avec l’avènement de la spéléologie verticale et la poussée d’une nouvelle génération.
Les années qui ont suivi la découverte de la grotte de la Vilaine Source en 1976, elle-même quelque peu chahutée, ont marqué une nette transition. En quatre ans, de 1978 à 1981, M. Delvaux, L. Golenvaux et G. Fanuel se sont succédés à la présidence du club.

En mai 1983, la S.S.N. a organisé à Malonne (Namur) le 38e congrès de l’Association Spéléologique de l’Est, association interclub française dont la société était membre.
Un an plus tard, en mai 1984, eurent lieu à Namur les Journées du Comité Belge de Spéléologie dont la S.S.N. fut la cheville ouvrière si ce n’est le principal club organisateur.

Le 21 novembre 1984, Namur vécut encore un évènement important pour la spéléologie belge : la création de l’Union Belge de Spéléologie, résultat de la fusion de la Fédération Spéléologique de Belgique Francophone, de la Fédération Nationale de Spéléologie et d’Alpinisme et du Comité Belge de Spéléologie. La S.S.N. fut présente parmi les clubs fondateurs et quelques membres participèrent activement à cette fusion au niveau fédéral. G. Fanuel, qui avait été Vice-Président du C.B.S. pendant quelques années et un des artisans de cette Union eut l’honneur d’être désigné Président-Fondateur de l’U.B.S (1984-1988).
Quelques années plus tard, B. Urbain suivit la même voie. D’abord Secrétaire Général, il devint ensuite Président de la fédération.
D’autres encore et jusqu’à aujourd’hui, dans un même élan furent entraînés dans l’aventure fédérale : administrateurs, gestionnaires de la régionale ou commissaires fédéraux (plongée, protection des cavités, spéléo-secours, formations…). Sans aucun doute, cet investissement individuel se fait toujours au détriment du club qui voit filer une part de son dynamisme interne vers la fédé, mais cet engagement a toujours été ancré dans la culture de la S.S.N.
Certains qui ont été pompés sans merci, regrettent peut-être aujourd’hui d’avoir un peu négligé leur club!

Un gros problème occupa le club pendant près de cinq ans : l’électrification de la ligne de chemin de fer de Namur à Dinant devait condamner les entrées de la Résurgence Lucienne et de la grotte du Solitaire. Des calculs topos et des repérages radio-goniométriques permirent d’espérer une ouverture rapide en surface d’une cheminée de la grotte du Solitaire – c’est chose faite en 1983 – et la jonction entre les deux grottes, créant ainsi le Réseau de Frênes fut réalisée le 29 novembre 1986.

Sportivement, quelques grosses expés dans les grandes classiques de l’époque, au gouffre Berger, à la Pierre-St-Martin, au Lonné Peyret, à Piaggia Bella, à la Dent de Crolles et ailleurs, ont marqué les années ’80.
En 1990, la S.S.N. qui entretenait un bon niveau de spéléo sportive, réussit la première traversée intégrale du réseau de Piaggia Bella, entre le gouffre Gaché et la grotta delle Mastrelle, sous le Mont Marguareis (It.).

Les 6 et 7 juillet 1991, la S.S.N. fête son 40e anniversaire sur le site du fort de Suarlée (Namur). Dans cet ancien fort en effet, le club a créé en 1987-1988, en collaboration avec le G.R.P.S., un parcours d’entraînement spéléo en milieu artificiel. Durant de nombreuses années, il a été équipé à l’une ou l’autre occasion. En 1993, un nouveau parcours, plus long et plus difficile y sera créé. Il fonctionnera jusqu’en 1998.

1991 a été l’année de la Roumanie : prospection et recheches, un peu ratées, en dehors de l’Europe Occidentale – de l’époque! – mais un périple inoubliable et sans doute un virage vers une spéléologie plus axée sur l’exploration.
De 1992 à 2001, on a connu les années « Slovénie » : prospection et exploration dans les Alpes de Kamnik avec quelques beaux succès – Brezno Marko Mazovec (T4), Brezno Sod (Tonneau), Brezno P2, etc. – mais aussi beaucoup de déconvenues… Ce sont les aléas de l’explo!
Systématiquement, chaque année, plusieurs semaines se passent au bivouac d’Inkret, à 2000 m. d’altitude pour arpenter le massif montagneux dans tous les sens à la recherche du grand gouffre espéré… La zone nous avait été plus ou moins attribuée grâce à des contacts amicaux avec Ales Strazar et le Club spéléo Simon Robic de Domzale (Slo.).

Quelques grosses sorties sportives sont encore organisées parallèlement au trou Souffleur (Vaucluse) en 1991, au Pozu Cabeza Muxa (Picos, Esp.) en 1992, au réseau Trombe en 1995…

En 1996, J.-F. Manil succède à G. Fanuel à la présidence.
Depuis quelques années, on assiste à la montée en puissance d’une nouvelle génération de plongeurs à laquelle il appartient avec principalement R. Cossemyns et A.-M. Dawagne et plus tard
D. Havelange. Ils se mettent en évidence : découvertes à Marchempré (en 1997-1998), plongées et découvertes en Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.
La plongée sportive trouve aussi sa place, marquée par des participations assidues, toujours d’actualité aujourd’hui, aux fameux camps interclubs de plongée dans le Lot (Fr.) dont R. Cossemyns a été un important promoteur.

Le club connaît à nouveau quelques rudes années, d’abord à cause du manque de local de réunion à la suite de la fermeture du C.H.S. au Château de Géronsart en 1997, après 9 années d’occupation. Un club habitué à se réunir et à s’animer autour d’un local accueillant se maintient difficilement sans ce lieu de vie. Ensuite quelques râleurs quittent le club. C’aurait été un non évênement s’ils n’avaient tenté aussi de déstabiliser l’association et de lui interdire l’accès au réseau de Frênes. La réponse fut cinglante par l’ouverture d’une nouvelle entrée au réseau le 27 février 1999.
Quelques mois plus tôt, l’installation à Gelbressée a été un réel soulagement. Ce nouveau local a été inauguré dignement le 26 juin 1999.
Pour mettre un point final à cette période, la S.S.N. a fêté ses 50 ans en organisant un colloque de plongée – Explorations en Siphon : 50 Années d’Histoires Belges – le 23 juin 2001 à St-Servais (Namur). Il a été un net succès et s’est clôturé par un fastueux banquet en plein air.

Au niveau fédéral, en 2001, G. Fanuel et B. Urbain se sont succédés à la direction du Spéléo-Secours au moment où se signait une convention historique entre ce Spéléo-Secours et la Protection Civile. Ils ont été les principaux acteurs des négociations qui l’ont précédé. Au sein même du club, la motivation pour cette cause était telle qu’aucune activité ne pouvait avoir lieu le jour d’un entraînement du Spéléo-Secours qui draînait les meilleurs spéléos namurois.

En 2003, D. Havelange est élu président.
Le club continue son évolution entamée à l’aube du nouveau siècle. Des membres s’engagent individuellement, mais avec le soutien du club, au moins moral, dans des expés lointaines et internationales réunissant des personnes de tous horizons : au Mexique en 1999, 2002, 2005 et 2006, en Mauritanie en 2006, en Papouasie en 2007.

En 2004, on reparle de pompage à Frênes : en collaboration avec le Spéléo-Secours, le S4 est pompé durant deux jours, mais, trop englué de boues nauséabondes, il n’est toujours pas franchi.

Près d’ici, en Wallonie d’abord, la « désob », activité collective par nécessité quand elle est lourde, donne quelques résultats, en 2005, au chantoir de Normont, puis un peu plus loin, dans le Gard (Fr.), en 2009, avec l’explo de l’aven du Bonnet.

En 2009, A.-M. Dawagne devient président du club.
G. Fanuel, lui, abandonne la présidence de la Société Spéléologique de Wallonie qu’il occupait depuis 2002. De ce côté-ci, une longue page d’influence fédérale sur la vie du club – et pas l’inverse ! – se tourne. Le recentrage de la S.S.N. sur sa vie associative propre et son ancrage local se marqua directement.

La S.S.N. d’aujourd’hui continue son parcours sur la ligne du temps et a fêté joyeusement son 60e anniversaire à Marche-les Dames au printemps de 2011.
Depuis 2012, c’est O. Bauthière qui assure la présidence du club, secondé au secrétariat par Fr. Meyer. 

A travers son histoire, elle s’est associée, temporairement ou définitivement, avec d’autres groupements à la poursuite d’objectifs communs : le G.R.P.S. (Namur) de 1987 à 1993 , le S.C.P.H. (Namur/Louvain-la-Neuve) depuis 1988, les I.B.Z. (Ecaussines) de 1989 à 1999, le S.J.S.C. (Florennes) de 1989 à 2000, la Roussette (Bruxelles) depuis 1993 , Nature Témoin (Issirac, Fr.) en 2005… et enfin le S.C.U.C.L (Louvain-la-Neuve/Bruxelles) depuis 2015.

Depuis longtemps déjà, les spéléologues du SCUCL et de la SSN se retrouvent sous terre le temps de l’une ou l’autre activité commune. Des liens se sont créés. Des amitiés sont nées. Le plaisir de se retrouver existe. Il manquait peu de choses pour que la décision importante de partager plus encore soit prise.
Les deux associations continueront d’exister administrativement. Elles ont un long passé autant chargé de découvertes, d’expéditions, de personnalités, de souvenirs, d’histoires de spéléos et de plongeurs tout simplement… Ce serait un peu léger de balayer tout cela d’un coup de descendeur !
Non seulement nous mettons en commun nos idées, les sages (un peu !) et les plus saugrenues (beaucoup !), mais aussi toutes les activités, le local, le matériel, les réunions, les soirées… tout ce qui fait la vie associative.

Demain comme hier, la Société Spéléologique de Namur veut être un moteur, un catalyseur d’énergie.
Elle souhaite toujours rassembler tous ceux qui participent à la grande aventure de la spéléologie avec le même dynamisme et le même esprit de camaraderie et de tolérance.