Le trou Bernard à Maillen

En 1949 (ou serait-ce même plus tôt encore ?), Bernard Magos découvrait après quelques séances de désobstruction, le soupirail qui, dans la doline dénommée jusque là chantoir Napoléon, donna accès à la succession de puits du gouffre qui sera appelé « trou Bernard ».
Dans la foulée, il participa à la fondation du Spéléo-Club de Belgique.

Au début de 1964, une équipe menée par Marcel Collignon explore la première partie d’un méandre qui démarre au bas du Grand Puits et qu’il baptise Méandre SSN.
Le boyau d’une dizaine de mètres où l’on progresse à plat ventre, se transforme en étroit méandre de quelques mètres de haut dont la plus grande largeur se trouve au sommet. Il faut donc y progresser de profil, la tête contre la voûte. Au bout d’une trentaine de mètres, ils se retrouvent à nouveau dans un boyau coupé par deux coudes brusques en forme de baïonnette.
Il s’arrête face à une étroiture, protégée par un bloc, qui lui semble impossible à vaincre sans désobstruction. Il faudra revenir…

En janvier 1967, accompagné d’Amand Goguillon, il revient, armé d’une masse, d’un burin et d’un levier, pour dégager le bloc qui l’avait arrêté trois ans plus tôt. Pourquoi avoir attendu trois ans !
Le bloc barrant le passage est débité en morceaux et les deux spéléos de la SSN reprennent leur progression dans un méandre oblique. Après une cinquantaine de mètres, ils débouchent dans une salle de 10 mètres de long, 3 à 4 de large et 7 à 8 de haut. Une escalade à gauche permet à Marcel d’atteindre successivement trois paliers. De là-haut, il peut voir trois mètres au-dessus de lui, un trou trop étroit pour être franchi sans élargissement qui se dessine parmi les blocs coincés formant la voûte…

Pour nos deux spéléos, il n’y a aucun doute ; ce passage potentiel doit mener sous le chantoir au fond boueux situé une soixantaine de mètres en aval du trou Bernard.
L’exploration du « méandre SSN » est dès lors terminée et la salle sera baptisée « salle du Chantoir ».

Il s’avère cependant que le 1er mars 1965, entre les deux incursions de Marcel Collignon, un spéléo solitaire, Jean Delin, est parvenu à passer derrière le bloc et a forcé l’étroiture. Il a réalisé la première, mais cet exploit n’a jamais été relaté hors de son club de l’époque et aucune topo n’a été dressée. Il n’a pas réclamé lorsque la SSN annonça la découverte et publia la topo, car entre temps, il était passé à d’autres aventures, montagnardes celles-là. Ce n’est qu’en 2013 que nous l’avons appris lors d’un contact avec cet audacieux et sympathique explorateur solitaire.

 Dans les années ’70, les spéléologues du Centre Routier Spéléo (CRS) réalisent de fameuses escalades dans les réseaux remontant du fond du trou Bernard. Ils explorent d’abord le « Number One » et puis, au bout du Méandre SSN, au départ de la salle du Chantoir, ils explorent le « Number Two » en forçant une étroiture qu’ils baptiseront « étroiture Veuve Clicquot »…

Bien plus tard, ce sont Bibiche et le SC Avalon qui réaliseront les jonctions entre le réseau classique et le Number Two en haut du puits Franz et à mi-hauteur du Grand Puits.

BernardMeandreSsnPlan1968z

BernardMeandreSsnCoupe1968z

Bernard MontageSsn2010z